"D’abord intriguée par le scanographe qui lui était tout à fait étranger, Barbara Massart a décidé d’aller
à la rencontre de son propriétaire qui lui a alors proposé une balade dans la forêt alentour afin
de pouvoir échanger avec elle sur leurs travaux respectifs. C’est dans ce cadre auquel elle est
particulièrement attachée, environnement à la fois apaisant et hautement stimulant où elle puise
l’abondante imagerie fantastique qui compose ses mythologies personnelles, qu’elle s’est d’instinct
livrée à la description de ses nombreuses paréidolies au potentiel narratif infini. Un amas de
branches prenant la forme d’une araignée d’eau, une rangée d’arbres se dressant comme les
piliers d’une cathédrale, … ces analogies visuelles au caractère très spontané n’ont bien sûr pas
manqué de capter l’attention de Sébastien Delahaye qui a dès lors souhaité lui montrer qu’il était
possible de capturer toutes ces présences et entités que lui même n’était en mesure de percevoir
mais que son appareil serait lui, par le rendu vibrant de son image, capable de laisser apparaître.
La rencontre entre leurs deux univers créatifs a alors pris tout son sens, presque comme une évidence.
Avec la découverte du scanographe, Barbara Massart est parvenue à trouver le moyen d’enregistrer
la vibration des feuilles d’un arbre. Par le mouvement de son corps lors de la prise de vue,
il est devenu possible pour elle de détacher les premières formes d’un paysage et même à en modifier
complètement la typologie. Ce nouvel outil, bien que « lourd » et difficile à manipuler, a pourtant
très vite été apprivoisé par l’artiste qui lui a conféré le pouvoir de s’emparer de ses visions et
de matérialiser au travers de l’image les récits qui en découlent. C’est ainsi qu’ont commencé à
émerger les « Contes de la forêt noire », un ensemble de fables s’entremêlant les unes aux autres
et dans lesquelles apparaissent Pascal le pape, Rémy le dieu joyeux ou encore Nico l’ours, des
personnages empreints de mysticisme, à l’apparence humaine ou zoomorphes, mais toujours inspirés
de personnes réelles à qui elle attribue ou associe une nature particulière. Ce « caractère »
décelé chez les personnes qui l’entourent transparaît au travers des images produites, la scanographie
lui permettant de saisir non plus une expression figée mais bien ce qui lui semble incarner
l’essence même de l’individu.
Les photographies réalisées avec Sébastien Delahaye viennent nourrir toujours plus l’imaginaire
de Barbara Massart qui a alors entrepris un important travail d’écriture, processus inhérent à sa
démarche de création et qu’elle affectionne à bien des égards.
Les deux pratiques se retrouvant intimement liées, l’idée de concevoir un livre mêlant à la fois
textes et images est apparue assez naturellement chez les deux artistes qui se consacrent actuellement
à ce projet.