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Bruxelles, septembre 2009, après avoir été admis à l'ARBA, je commençais l'année sans logement. Je demandais à toutes celles et ceux que je croisais une possibilité d'hébergement. C'est en discutant avec Samuel, employé au secrétariat de l'académie, que j'ai pu trouver une solution. Il me proposa de le rejoindre lui, son ami Charles et son chien Buddy, tous les trois fraîchement arrivés du Québec, dans un atelier qu'ils louaient proche de la gare du nord. Les conditions étaient très spartiates, pas de pièces séparées, pas d'eau chaude ni de chauffage ou de douche. J'ai partagé leur quotidien pendant quelques semaines et je les ai photographiés. J'ai pu ensuite trouver une chambre dans une colocation à Jette, dans laquelle je me suis installé.
Un soir, j'ai reçu un appel de Samuel: Buddy était mort. Il m'expliqua qu'ils se promenaient tous les deux le long des voies ferrées de la gare de Schaerbeek, lorsque Buddy a été percuté par une voiture... Il faisait nuit et Samuel avait caché son cadavre dans un fossé dans l'idée de le récupérer plus tard. J'avais à cette époque une Citroën AX grise, Il souhaitait donc que je l'aide à rapatrier son corps à l'atelier pour l'enterrer dignement. Il m'avait rendu service, j'acceptai de lui rendre la pareille.
Je me rendis donc le soir même près des locaux techniques de la gare de Schaerbeek. Après avoir escaladé une grille et marcher une vingtaine de minutes, nous trouvâmes Buddy là où il l'avait laissé. Nous nous sommes servi d'un conteneur poubelle pour le transporter et après l'avoir mit dans mon coffre, nous nous dirigeâmes vers l'atelier de Samuel.
Arrivé à l'atelier, l'ambiance avait changé. Samuel avait installé un sommier une place en latte de bois sur lequel reposait un frigo placé sur le dos, contre la porte ouverte de celui-ci, il avait accroché une grille metallique avec deux gerbes de fleurs séchées. Le discours avait aussi changé, il n'était plus question d'enterrer Buddy, mais de récupérer un souvenir de lui: sa peau pour en faire un bonnet, ses canines pour en faire un collier en guise de cadeau pour Charles, rentré quelques semaines plutôt au Québec.
Je suis resté toute la nuit avec lui entre stupéfaction et fascination, assister à ce qu'il considérait, je pense, comme une performance artistique.
Je n'ai plus jamais revu Samuel.
Bonjour, c'est Buddy !
J'aimerais connaître ton âge car certaines images peuvent te choquer.
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